Aujourd’hui un grand mystère s’accomplit. Nous n’aurons jamais fini de le méditer, d’en voir les fortes implications pour nos vies personnelles et collectives. Le moment est décisif pour toute l’humanité.
Il faut observer comment les choses sont dites dans le récit de Saint Luc.
On se rappelle l’annonce à Zacharie : l’évènement se passe à Jérusalem, au temple, au moment où le prêtre entre dans le sanctuaire pour offrir l’encens. C’est lui, le prêtre de service, qui va au-devant de Dieu. Il le rencontre dans le messager divin, apparu soudainement « debout à droite de l’autel de l’encens. » L’ange informe Zacharie de ce qui va bientôt arriver dans sa vie de couple. On comprend la confusion du vieillard. « Comment vais-je savoir que cela arrivera? Moi, je suis un vieil homme et ma femme aussi est âgée. » C’est comme si l’homme refusait cette bonne nouvelle qu’il a pourtant désirée toute sa vie. On comprend la riposte de l’envoyé divin. Zacharie n’a plus qu’à se taire et à laisser Dieu agir en toute puissance, bienveillance et miséricorde pour son couple et son peuple.
Les choses vont aller autrement pour Marie. C’est Dieu qui cette fois prend le devant. Il envoie son ange dans un petit village perdu de Galilée. La rencontre a lieu loin du temple, à Nazareth. On devine que l’endroit est pauvre. Que la condition de la jeune fille est modeste. « L’ange entra chez elle». Dieu daigne descendre, venir dans l’intime de cette demeure toute ordinaire.
Or la salutation de l’ange Gabriel donne à penser qu’il ne fait pas affaire avec la première venue. « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi.» Dieu a donc préparé le terrain. Marie est la femme choisie, comblée de grâce, bénie de Dieu. Cette disposition personnelle, elle la vit dans l’humilité et le secret. D’où son étonnement de s’entendre interpellée de la sorte. L’ange s’empresse de la rassurer en lui faisant part du projet de Dieu de s’engendrer en elle, par l’œuvre de l’Esprit Saint. Elle deviendra mère d’un fils qui naîtra dans la famille royale de David, qui s’appellera Jésus, le Seigneur sauve.
On comprend la surprise de Marie. Elle veut y comprendre quelque chose, et nous aussi. Expliquez-moi, Monsieur. Présentement je suis vierge. Un enfant ça n’arrive pas comme ça, tout seul. Et elle apprend que Dieu va respecter même sa virginité. C’est l’Esprit Saint qui assurera sa fécondité. Elle mettra donc au monde le Fils de Dieu lui-même. « Car rien n’est impossible à Dieu ». Sauf que Marie doit y donner son libre consentement. Dieu ne saurait vouloir naître d’une esclave. Marie dira donc oui en connaissance de cause et en pleine liberté. C’est la foi qui l’engage dans une attitude d’obéissance totale. « Voici la servante du Seigneur, dira-t-elle, qu’il me soit fait selon ta parole. » Grâce à elle Dieu prendra corps en notre chair.
Marie nous donne en cette annonciation le modèle à suivre dans notre relation avec Dieu. Le Seigneur nous appelle nous aussi à vivre en communion avec lui. Il vient vers nous depuis longtemps. Il s’est abaissé jusqu’à nous. Il a des projets pour nous. Comme Marie sachons l’écouter, accueillir sa parole, son appel. Dans la foi, entrons en dialogue avec lui. N’hésitons pas à le questionner dans la prière, le silence et la réflexion.
Dieu s’attend à ce que nous nous tenions humblement debout comme Marie en sa présence. Il nous veut attentifs, responsables et libres. C’est ainsi que nous aurons part dans l’Évangile du Salut, initié avec Marie en Jésus et offert dans le Christ à tous les hommes et femmes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.