Dans notre petite pérégrination pour mieux comprendre les enjeux de la nouvelle traduction du missel romain, nous voici à présent arrivés au cœur de la messe, à ce vers quoi toute notre prière tend, à savoir la liturgie eucharistique[1].
* Tout d’abord, en présentant les offrandes, le prêtre dira à voix basse, d’abord pour le pain : Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le pain de la vie.
Ce à quoi l’assemblée pourra répondre comme d’habitude « Béni soit Dieu, maintenant et toujours ! »
Puis pour la présentation du vin il dira, toujours à voix basse : Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le vin que nous te présentons, fruit de la vigne et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le vin du Royaume éternel.
Ce à quoi l’assemblée répondra une nouvelle fois « Béni soit Dieu, maintenant et toujours ! »
Les prières dites à voix basse permettent au prêtre de se disposer intérieurement au sacrifice vécu en union avec le peuple de Dieu. Ainsi il pourra se rappeler que c’est bien l’Eglise et le Christ qui agisse par sa prière.
* Après l’encensement et les ablutions du prêtre, à l’invitation du prêtre l’assemblée recueillait ses prières pour les tourner vers le Seigneur. Ainsi, à l’invitation « prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’église », l’assemblée répondait « pour la gloire de Dieu et le Salut du monde ».
A présent, si la première formule est toujours possible, le prêtre a aussi l’opportunité de changer cette invitation à la prière.
Le prêtre pourra ainsi également commencer par ces mots : « Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout puissant ».
Ce à quoi l’assemblée répondra : « Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Eglise ».
Comme le rappelle très bien le père Côme de Jenlis, qui a travaillé pour notre diocèse à la mise en œuvre de cette nouvelle traduction, les deux formules s’éclairent mutuellement.
La seconde insiste sur l’unité entre le prêtres et les fidèles, et donc sur le fait que toute l’église contribue à l’offrande et non seulement le prêtre. Alors que la première insiste sur le lien entre la gloire de Dieu et le salut du monde dans cette Eucharistie[2].
* Pour les préfaces, qui développent la théologie des temps liturgique particuliers (après « le Seigneur soit avec vous » ; « et avec votre esprit » ; élevons notre cœur » […]), certaines traductions peuvent légèrement changer. Par exemple pour la première préface des dimanche du temps ordinaire, le prêtre commencera dorénavant ainsi : « Vraiment, il est juste et bon, pour ta gloire et pour notre salut, […], Seigneur père très saint, Dieu éternel et tout puissant ».
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[1] Concile Vatican II, Sacro Sanctum Concilium 10 : « la liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Eglise, et en même temps la source d’où découle toute sa vertu […] le renouvellement dans l’Eucharistie de l’alliance du Seigneur avec les hommes attire et enflamme les fidèles à la charité pressante du Christ. C’est donc de la liturgie, et principalement de l’Eucharistie comme d’une source, que la grâce découle en nous et qu’on obtient avec le maximum d’efficacité cette sanctification des hommes dans le Christ et cette glorification de Dieu, que recherchent, comme leur fin, toutes les autres œuvres de l’Eglise. »
[2] Cf. He 10, 12 ; 11, 4 ; 13, 15 : « Dieu notre Père, tu as organisé ton Eglise pour que les dons de chacun te parviennent. Prépare-nous à nous donner nous-même ».