« Si je ne vois pas …non, je ne croirai pas ! »
Revoilà « le dimanche des fortes têtes » , qui est aussi celui de la miséricorde. Nous en connaissons tant qui se revendiquent de cette phrase du fameux apôtre pour expliquer leur retenue à croire. Souvent il y en a parmi ceux que nous aimons, et parfois nous nous sentons un peu comme cela nous-mêmes. Reconnaissons-le, croire sur le témoignage d’autrui, cela demande une confiance, une humilité qui coûtent. Pourtant Jésus aura le dernier mot ; car la suite de l’histoire, c’est la transformation de Thomas.
C’est vrai, Thomas n’a d’abord pas cru ; il veut voir, et même il veut toucher. La réaction de Jésus ? La patience : Jésus n’abandonne pas l’entêté dans son incrédulité, ne dit pas « tant pis pour lui »; il lui laisse une semaine, il attend. Et Thomas reconnaîtra sa propre pauvreté, son peu de foi. « Mon Seigneur et mon Dieu » : par cette invocation simple, il répondra à la patience de Jésus. Attiré dans les plaies, dans le côté ouvert, enfin il retrouve la confiance: il
est un homme nouveau, non plus incrédule, mais croyant. Désormais il acceptera de croire en la force de Dieu sans la voir ; et il ira lui-même évangéliser jusqu’en Inde, peut être jusqu’en Chine…
Jésus a la même patience pour ses disciples tout au long des trois ans qu’il passe avec eux ; Il l’a par excellence avec Pierre : par trois fois il renie et quand il touche le fond, il rencontre ce regard qui, sans paroles, lui dit : « Pierre, n’aie pas peur de ta faiblesse, aie confiance en moi » ; et Pierre comprend, sent le regard d’amour de Jésus et pleure. Ne perdons jamais confiance en la miséricorde patiente de Dieu! C’est le style de Dieu même : il n’est pas impatient comme nous, qui voulons souvent tout et tout de suite, même dans l’éducation des enfants ou dans nos relations.
Dieu est patient avec nous car il nous aime, et qui aime comprend, espère, fait confiance, n’abandonne pas, ne coupe pas les ponts, sait pardonner. Pensons aux siècles de patience de Dieu avec son peuple à la nuque raide. Pensons enfin au fils Prodigue qui se souvient tout d’un coup de la
maison de son Père. Un peu facile, c’est vrai. Mais le Père ? Avait-il oublié son fils ? Non, jamais. Il est là, il l’aperçoit de loin, il l’attendait chaque jour, chaque moment : il lui a toujours conservé dans son cœur sa place de fils, et à peine l’aperçoit-il encore au loin, qu’il court à sa rencontre et l’embrasse avec tendresse sans une parole de reproche : puisqu’il est revenu! Ayons d’abord cette patience avec nous-mêmes ; sans laisser notre tiédeur nous
désespérer, soignons-la par la lente thérapie d’une vie chrétienne intégrale : Parole de Dieu, adoration, service, fraternité, évangélisation… Vie si bien décrite dans la 1e lecture : « Les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. … Chaque jour, d’un même cœur… ils rompaient le pain… ils louaient Dieu … Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés. »
Imitons enfin cette patience avec ceux qui refusent encore l’évangile, et appliquons devant leurs lenteurs et leurs refus la magnifique devise de don Bosco :
« compassion pour le présent, espérance pour l’avenir ».
Patience, à condition de faire notre possible pour être témoins de la résurrection.
Christ est Ressuscité ! Alléluia !