Fiançailles – Tu veux te marier ?

Tu veux te marier ?
Fonder une famille, avoir des enfants, vivre l’aventure de leur éducation… Tu n’es pas le seul, aujourd’hui encore cela fait rêver beaucoup de jeunes.

Un rêve ?
Non ce n’est plus un rêve pour beaucoup de ceux et celles qui frappent à la porte de l’Eglise. Ils viennent pour « se marier » et sont déjà mariés.. Ils se sont déjà dit Oui … !
Comme toi, ils ont pensé au mariage depuis longtemps. Ce n’est pas un événement qui les a pris au dépourvu. Un jour ils sont passés du rêve à la réalité. Elle n’était pas exactement comme je l’imaginais.
Lui non plus d’ailleurs… Ce jour est déjà derrière eux.
Il a fallu oser une parole, se revoir…enfin seuls – et non pas entouré de la nuée de copains copines habituels.. sympas mais qui ont tôt fait d’aiguiser le charivari toujours un peu grinçant dès lors qu’il s’agit de sérieux … Oui enfin seuls !

Depuis six mois, un an… quatre ans… vous vous êtes faits l’un à l’autre dans vos différences… jusqu’à vivre ensemble.
Pas tous ! Mais 9 sur 10…

Dans un premier temps, vous vous êtes demandés quelle serait la réaction des parents, espérant que passe l’orage; et puis c’est la loi naturelle ! Parfois cela leur est apparu comme un gage pour ne pas se séparer par la suite. Ce que les statistiques ne confirment pas… mais cela les a tellement rassurés.

Vous vous êtes alors « mariés » en silence.
Que manquait-il donc pour qu’un jour vous éprouviez le besoin de frapper à la porte de l’église ?
Il fallait bien prévenir Dieu !
Le mettre dans le coup ! L’inviter à notre fête… au moins officiellement, puisqu’il sait déjà tout.

Alors s’est ouvert le parcours du combattant : lecture d’un évangile, trois samedis matins de catéchèse, une journée entière sur les 4 piliers au mariage, une soirée chez un couple marié, une lettre en forme de projet de vie à écrire, plusieurs rendez-vous avec un prêtre ou un diacre… l’apprentissage de la prière à deux et la messe du dimanche …
Oups ! ce n’est pas une mince affaire que d’associer Dieu !
Jusqu’ici il était mis devant le fait accompli de nos décisions ! Il aime çà d’ailleurs ! Il aime les gens qui se prennent en mains !
Mais maintenant c’est lui qui reprenait l’initiative !

Des amis nous ont dit que ça passait, les curés sont plutôt ouverts, souriants; on apprend plein de choses, on n’imaginait pas une Eglise où on peut parler, s’exprimer…il y a si longtemps … on avait oublié.

En plus, on a découvert que d’autres (1 sur 10) ne vivaient pas ensemble ! C’est incroyable ! ¨

Fiancés ? Fiançailles ? Un mot laissé aux oubliettes… Personne ne nous en a jamais parlé !

Qui a tué les fiançailles ? la peur de perdre celle que tu aimes ? le désir insurmontable de s’appartenir l’un à l’autre au point de se lier tout de suite par un engagement qui oblige… et dont on ne sort pas indemne de toutes les façons ?
Serais-tu choqué si j’ajoutais d’autres explications plus terre à terre : en termes économiques ou fiscaux ? Enfin chacun a ses raisons et mieux vaut leur faire bon accueil. Car un homme et une femme qui déclarent aux yeux de tous qu’ils s’aiment, c’est important et cela réjouit le cœur de Dieu. Pourtant, moi, prêtre, je suis témoin que d’autres jeunes font autrement.

Cela t’étonne ? Il m’arrive en effet de rencontrer des jeunes qui décident de s’offrir un temps de fiançailles ! Ce sont des ringards et des hypocrites penses-tu ? attends….
Les fiançailles sont un temps que l’on décide de s’offrir mutuellement comme un cadeau de liberté !

As-tu déjà offert une liberté à quelqu’un ? Eh bien le temps des fiançailles, est un temps d’apprentissage de la liberté et du définitif dans un état de vie volontairement provisoire.
Le temps des fiançailles est limité. Il s’ouvre et se ferme. Il ne s’agit pas de déclarer :  demain est sûr !
Mais de dire : Ma confiance en toi est si grande que je veux pas compromettre ta liberté par une vie déjà commune.
Cela te paraît compliquer les choses ? C’est un paradoxe, c’est vrai ! C’est un défi, oui ! Mais pour nous chrétiens, un tel événement est de taille. Il vaut la peine de le marquer d’une pierre précieuse, comme on marquerait le chemin d’un caillou blanc ou d’une pierre levée pour bien s’en souvenir. Cette bague de fiançailles, est une manière de se fier l’un à l’autre. avec en filigrane une audace en forme de murmure bien audible : je t’aime tellement que si ton bonheur est de ne pas poursuivre avec moi et moi avec toi, je te laisse libre de tout engagement.

En attendant marchons en confiance. C’est bien là le signe d’une liberté que vous aurez à vivre chaque jour une fois « mariés » devant Dieu. Elle ressemble à la liberté que Dieu nous offre et dont vous serez toujours le « sacrement » dans le mariage.
Offrez-vous donc ce temps de patience et de liberté, il vous dira bien des choses de Dieu et deux êtres humains se confient chaque jour la responsabilité de leur propre bonheur.

Jacques Turck +